Plus jamais ça ! 34 mesures pour un plan de sortie de crise
- Écrit par ATTAC FRANCE
Depuis plusieurs mois, des organisations syndicales et associatives convergent, convaincues que les réponses aux urgences sociales et écologiques doivent être construites ensemble. La crise qui a éclaté en ce début d’année 2020 montre une fois de plus la nécessité de changer de système. C’est pourquoi nos organisations ont constitué un front élargi et inédit pour initier une tribune, puis une pétition et un appel aux mobilisations du 1er mai.
Nous pensons que le moment est venu de préciser les contours du « Plus jamais ça » dans ce Plan de sortie de crise.
Les mesures que nous versons au débat sont volontairement précises et le plus souvent chiffrées. Il ne s’agit pas, cependant, de présenter un plan figé, ficelé et définitif. Au contraire, ces propositions ont vocation à être soumises au débat public et sont amenées à être complétées.
Nous ne nous contenterons plus des grands mots, des déclarations d’intention, des formulations creuses. Nous voulons démontrer, à travers l’articulation de mesures de court et de long terme, le pragmatisme et l’ancrage dans le réel de notre démarche.
Ce document se veut donc une contribution et même un appel au débat public. Débattons partout, mobilisons-nous sur le terrain pour changer le système et exiger des pouvoirs publics des transformations radicales ! Changer en profondeur le monde qui a rendu cette crise aussi violente est l’affaire de toutes et tous, le monde d’après sera celui que nous serons capables de reconstruire.
Plan d'urgence : «les victimes vont être les salaires»
- Écrit par Aurélie Trouvé
Mercredi 15 avril, Edouard Philippe a détaillé le plan du gouvernement pour soutenir l'économie française, frappée de plein fouet par la crise sanitaire. Un plan de 110 milliards d'euros qui pourrait entraîner des conséquences négatives pour les salariés, selon Aurélie Trouvé, économiste et porte-parole d'Attac.
En avril 2018, Emmanuel Macron disait au personnel soignant, qui déplorait le manque de moyens à l'hôpital, qu'il n'y avait pas «d'argent magique».
Deux ans plus tard, le gouvernement lève 110 milliards d'euros pour soutenir l'économie pendant la crise sanitaire. Comment est-ce possible ?
Cela veut dire que la dette et le déficit public vont être plus importants (respectivement 112% du PIB et 7,6 % du PIB selon le ministre de l'Economie).
C'est aussi la preuve que l'on peut désobéir aux traités européens, heureusement, qui imposent aux Etats de respecter un déficit public inférieur à 3% (l'Union européenne a suspendu cette règle à cause de la crise sanitaire, ndlr).
Qui prête cet argent à la France ?
En tout cas, pas la Banque centrale européenne (BCE). Contrairement à la banque centrale américaine ou britannique, la BCE ne prête pas aux Etats membres et c'est un gros problème. Les pays européens doivent emprunter sur les marchés financiers qui ont donc la main sur les taux d'intérêts. Ce que proposent les économistes de gauche, c'est que la BCE puisse prêter aux Etats membres, avec des conditions bien sûr.
La dette française va atteindre 112% du PIB. Quel est le risque pour un état d'avoir un endettement excessif ?
Comme les états sont dépendants de la bonne volonté des marchés financiers, le seul risque c'est de devoir emprunter à des taux trop importants. Il faudrait profiter de la crise, même si je n'aime pas ce terme, pour remettre à plat la politique monétaire de la zone euro et faire en sorte que la BCE puisse prêter directement aux pays européens.
Comment va-t-on rembourser cette dette ?
Il y a deux solutions pour résoudre un déficit public : soit on diminue les dépenses publiques, comme en 2008 après la crise financière. Nous en voyons aujourd'hui les conséquences sur l'hôpital. L'autre solution consiste à restaurer les recettes. En France, la part de celle-ci dans le PIB n'a cessé de diminuer.
Les récentes déclarations du Medef et de la secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, laissent entendre que c'est la première solution qui va être choisie...
Le gouvernement va poursuivre une politique qui s'aligne sur les demandes du grand patronat. En effet, depuis trois semaines, il a modifié le code du travail grâce à une loi d'urgence et a autorisé certaines activités non essentielles de continuer alors que les salariés n'étaient pas protégés. Preuve en est la récente décision de justice contre Amazon.
Le problème de ce plan, c'est qu'il n'est pas adossé à une refonte de la fiscalité. Les victimes vont donc être les salaires et l'investissement productif. Il aurait fallu, dans le même temps, annoncer l'augmentation des impôts pour ceux qui peuvent se le permettre, notamment les multinationales, taxer plus les bénéfices des grandes sociétés et lutter contre l'évasion fiscale. Enfin, le chômage partiel aurait dû être conditionné au non-versement de dividendes pour les actionnaires.
Urgence sociale, urgence climatique !
- Écrit par Marc Web
Tribune initialement publiée dans le Journal du Dimanche du 19 janvier 2020.
Scientifiques et économistes sont chaque jour plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme. Marches et grèves des jeunes pour le climat, mouvement des Gilets jaunes, manifestations pour défendre nos retraites en France : ces derniers mois, ici comme dans de nombreux pays dans le monde, les mouvements sociaux et environnementaux portent des exigences communes et tentent de construire des projets de société plus égalitaires, démocratiques et fondés sur la justice sociale et la préservation des ressources de notre planète.
En France, les crises sociale et écologique puisent leurs racines dans des décennies de politiques d’affaiblissement des acquis sociaux et des services publics, de soumission à des doctrines économiques productivistes inefficaces et destructrices, de toute-puissance du secteur financier et de cadeaux fiscaux aux multinationales les plus polluantes.
Comment peut-on accepter que le lobbying d’entreprises comme Total permette de contourner la loi avec le soutien du gouvernement et de conserver une niche fiscale pour l’huile de palme alimentant la déforestation à l’autre bout du monde ? Comment peut-on accepter que des entreprises comme Amazon échappent à leurs obligations fiscales, imposent des conditions de travail indignes à leurs salariés et détruisent davantage d’emplois qu’elles n’en créent, là encore avec le plein soutien du gouvernement ? Comment peut-on accepter que les très riches émettent 40 fois plus de carbone que les plus pauvres, et qu’en plus ces derniers paient, en proportion de leurs revenus, une taxe carbone quatre fois plus chère ?
Malgré les forts mouvements de résistance, Emmanuel Macron poursuit la mise en place de réformes néolibérales, sources d’accroissement des inégalités et de destruction des conquêtes sociales qui structurent notre pays, et ne prend aucune mesure ambitieuse pour faire face au changement climatique et la destruction de la biodiversité. C’est pourtant bien la perspective d’un changement de société qui est en jeu. En tant qu’acteurs des mouvements sociaux, écologistes et syndicaux, nous ne pouvons nous résigner à vivre encore des années de reculs sociaux, alimentés par les politiques des gouvernements successifs, et d’inaction face à l’urgence écologique. Face au sentiment grandissant d’exaspération et de crainte pour l’avenir, nous ne pouvons accepter que la seule alternative dans les prochaines années soit des politiques plus autoritaires, discriminantes et xénophobes.
Il n’y aura pas de résolution à la crise d’aujourd’hui avec les solutions d’hier ou le repli sur soi. Nous, acteurs de la société civile, syndicats, associations, ne détenons pas la recette miracle pour inverser cette tendance. Mais nous affirmons ici une volonté de reconstruire des perspectives de transformation radicale de la société, écologique, solidaire et démocratique, fondées sur l’accès aux droits pour toutes et tous et le rejet de toute discrimination de genre, d’origine, de classe et d’orientation sexuelle. Nous appelons à une véritable transition énergétique, agricole et industrielle, c’est-à-dire une transformation profonde des façons de produire et de consommer qu’imposent les crises écologique et climatique. Nous aspirons à un meilleur partage des richesses passant par une vraie justice fiscale, l’élargissement des droits sociaux, la fin de la toute-puissance des marchés financiers et de l’influence des multinationales sur le politique. En somme, l’opposé de ce qui attire à Davos une élite économique et politique qui cherche avant tout à préserver ses privilèges et ses intérêts au détriment de conditions dignes de vie pour l’immense majorité.
C’est dans cette perspective que nous appelons dans les prochains mois à débattre et bâtir un projet émancipateur du 21e siècle.
Ce projet ne saurait irriguer la société s’il ne parle pas aussi aux personnes les plus concernées, les plus précaires, celles qui subissent le plus durement la violence du système néolibéral actuel et de toutes ses retombées. Ce projet doit être relié à notre quotidien, à ce qui se vit au travail, dans les difficultés d’accès aux services publics comme la santé, l’éducation, le logement, les transports… Il doit s’ancrer dans des expériences et des luttes collectives déjà menées ou en cours, être débattu dans tous les cercles, en premier lieu les entreprises qui doivent évoluer pour faire face aux enjeux de demain. Il doit montrer concrètement comment, par des politiques nationales et locales alternatives, soutenant d’autres régulations internationales, d’autres formes d’entreprises, d’autres formes de gestion des communs, nous pouvons cesser de subir l’injustice sociale et la catastrophe écologique. Parce qu’il n’y aura pas d’emplois sur une planète morte, il doit montrer comment l’industrie, les services, l’agriculture doivent, elles aussi, se soucier de protéger les ressources offertes par la nature.
C’est à ce chantier immense que nous voulons nous attaquer dans les mois à venir, en même temps que nous voulons barrer la route, collectivement, aux projets du gouvernement qui s’y opposent : de la casse du système de retraites et de l’assurance chômage à la fermeture des lignes de fret ferroviaire, des privatisations en cascade aux signatures d’accords de libre-échange climaticides…
Notre initiative n’est pas une fin mais bien le début d’un processus ouvert à tous les acteurs qui comprennent que notre système est à bout de souffle. Il doit nous amener à réfléchir ensemble et à produire, à partir de situations réelles, ancrées dans le quotidien du plus grand nombre, des propositions concrètes pour répondre à la double urgence climatique et sociale. Et ainsi montrer à nos concitoyens qu’une autre vision du monde que celle des élites de Davos existe.
- Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France ;
- Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT ;
- Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France ;
- Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France ;
- Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre ;
- Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne ;
- Cécile Gondard-Lalanne, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires ;
- Benoit Teste, secrétaire général de la FSU.
Le nouveau rapport qui décrypte le « modèle Amazon »
- Écrit par Marc Web
Attac France, les Amis de la Terre et l'Union syndicale Solidaires viennent de publier, ce dimanche 24 novembre, un rapport sur Amazon intitulé : « Impunité fiscale, sociale et environnementale : immersion dans le modèle Amazon ».
Pour signer l'appel STOP AMAZON cliquez sur ce lien
en pièce jointe le rapport