Etiquetage des listes électorales
- Écrit par Libération 31-01-20
Le Conseil d’Etat a annoncé ce vendredi 31/01/2020 la suspension partielle de la circulaire gouvernementale concernant l’étiquetage politique des listes présentées aux élections municipales.
L’institution a rejeté trois points particulièrement contestés par l’opposition : l’attribution d’une nuance politique uniquement dans les communes de plus de 9 000 habitants, la classification dans la nuance «divers centre» des listes soutenues par la majorité présidentielle, et la prise en compte des listes «Debout la France» dans le bloc «extrême droite».
Sur le volet le plus controversé, la circulaire du 10 décembre 2019, relevait de 1 000 à 9 000 habitants le seuil des communes à partir duquel les préfets sont appelés à procéder au «nuançage», c’est-à-dire à l’attribution d’une couleur politique des listes et candidats «à des fins d’analyse électorale».
Le Conseil d’Etat a estimé, «qu’une telle limitation [conduisait], dans plus de 95% des communes, à ne pas attribuer de nuance politique». «Cela exclut ainsi de la présentation nationale des résultats les suffrages exprimés par près de la moitié des électeurs», estime l’institution dans son communiqué.
L’association des maires ruraux, favorable à un changement, souhaitait, elle, relever le seuil pour les communes «de moins de 3 500 habitants», de nombreux élus ruraux estimant être mal étiquetés ou ne souhaitant pas l’être.
Concernant la création d’une nuance «divers centre», la circulaire prévoyait que «seule l’investiture par un parti politique, et non son simple soutien, permet d’attribuer une nuance politique à une liste», mais faisait une exception pour les listes soutenues par LREM, l’UDI ou le Modem, qui pouvaient être comptabilisées par la nuance «divers centre».
Le Conseil d’Etat a estimé que la mesure «instituait ainsi une différence de traitement entre les partis politiques, et méconnaissait dès lors le principe d’égalité» et l’a donc rejetée.
L’opposition, qui s’était mobilisée contre le projet de loi, a réagi avec satisfaction à la décision du Conseil d’Etat. «C’est un revers pour Castaner et une forte garantie pour la démocratie et la France des territoires. Le gouvernement a voulu museler la France des territoires en supprimant le nuançage dans 97% de nos communes.
C’est cette volonté de tripatouillage électoral qui a été sanctionnée», a fait savoir le président du groupe à l’Assemblée LR, Damien Abad, qui avait saisi l’institution sur cette question. «La démocratie a gagné aujourd’hui : nos concitoyen.ne.s sauront pour qui ils.elles votent et qui dirige leur commune», a également tweeté le Parti socialiste.
Nicolas Dupont-Aignan a lui publié une vidéo sur Twitter dans laquelle il revient notamment sur la disposition qui concernait son parti, Debout la France : «C'était une indignité. Cela montre qu'il y a une justice, et que le gouvernement a été trop loin. Tous les Français sauront que Debout la France n'est pas un parti d'extrême-droite».
Le ministre a quant à lui indiqué dans un communiqué que la circulaire serait «modifiée» en tenant compte de l’avis du Conseil, «sans renoncer à répondre aux demandes des élus locaux et à correspondre aux mutations du paysage politique français».
"Les médias se soucient de moins en moins de la vérité"
- Écrit par La Croix
Frédéric Taddeï : "Les médias se soucient de moins en moins de la vérité"
MÉDIAS DANS L’ARÈNE. Pour ce huitième épisode de "Médias dans l’arène", Frédéric Taddeï, journaliste et animateur d'"Interdit d'Interdire", revient sur l’importance du débat dans les médias, ainsi que sur la position controversée de médias alternatifs comme RT France.
Un régime de retraite «universel»… sauf pour les riches!
- Écrit par Marc Web
Dans un récent entretien donné à Libération *, Thomas Piketty a tenu des propos qui ont rapidement fait polémique. Et une certaine presse d’aussitôt dénoncer «l’arnaque» (Le Point, L’Opinion), la «boulette» (L’Express) de Piketty. J’ai voulu y voir de plus près.
Dans un récent entretien donné à Libération, Thomas Piketty a tenu des propos qui ont rapidement fait polémique. Et une certaine presse d’aussitôt dénoncer « l’arnaque » (Le Point, L’Opinion), la « boulette » (L’Express) de Piketty. J’ai voulu y voir de plus près.
Autant le dire d’entrée, ses propos ont effectivement été quelque peu approximatifs… Il reste que sur le fond, mais pour d’autres raisons que celles qu’il a avancées, sa conclusion est juste. C’est bien là l’important : Le régime universel que l’on veut nous vendre ne l’est pas, les riches en sont exemptés !
Pour l’essentiel, ce qui a fait débat dans ses propos est cette affirmation : « Dans cette réforme, on a par ailleurs très peu parlé du système de financement qui est derrière. Un truc énorme, c’est que le gouvernement propose un taux global de cotisation de 28 % jusqu’à 120 000 euros de salaire annuel, mais ensuite ça plonge d’un seul coup à 2,8 % ! Par rapport au système actuel, c’est une énorme baisse de cotisation pour les salaires entre 120 000 et 250 000 euros. C’est le nouveau "super Macron des riches".
1. Aujourd’hui : Un dispositif institutionnel compliqué.
Pour comprendre ce qui est en jeu, encore faut-il connaître la mécanique institutionnelle passablement complexe qui régit le financement actuel des retraites du secteur privé.
D’abord, le Régime général (RG), qui, via la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV) gère les retraites de l’ensemble des salariés du privé (17,8 millions de cotisants, 14,1 millions de retraités) ne permet pas de s’assurer sur l’ensemble du salaire. Héritier en cela des Retraites Ouvrières et Paysannes de 1910, il a gardé de cette origine lointaine la notion de salaire plafond, à quoi la refondation de 1945 n’a rien changé.
Aujourd’hui encore, le RG ne liquide les retraites que dans le cadre de ce principe d’airain : une retraite « à taux plein » est calculée sur la base du salaire annuel moyen des 25 meilleures années, dans la limite de 50% du salaire plafond. Le salaire plafond 2020 vient tout juste d’être fixé : 3.428 €/mois, soit 41.136 €/an. Autant dire que, en conséquence, l’an prochain le Régime général ne versera en aucun cas de retraite supérieure à 3.428/2, soit 1714 €/mois.
Bien entendu une telle limitation est assez rapidement apparue insoutenable, et d’abord, bien sûr, pour les salaires les plus élevés. C’est pourquoi, dès 1947, les « partenaires sociaux » mirent en place de façon conventionnelle un dispositif de retraites complémentaires par points pour les cadres, l’AGIRC. De même, mais bien plus tardivement, devant les insuffisances du système de base, les mêmes définirent un second régime complémentaire, par points lui aussi, pour les non-cadres, l’ARRCO. Depuis le 1er janvier 2019, l’AGIRC et l’ARRCO ont fusionné en un seul et même régime et les cotisations cadres et non-cadre sont inscrites dans un processus de convergence progressive qui n’est pas encore achevé.
C’est ainsi, que le dispositif comprend aujourd’hui un régime de base et un régime complémentaire qui vient s’y ajouter, chacun ayant ses modalités propres de financement, elles-mêmes organisées autour de la notion de salaire plafond ; c’est ce que le tableau ci-dessous s’efforce de synthétiser.
Les taux de cotisation retraite des salariés du privé en 2019
Pour ce qui nous occupe ici,- la discussion de la position de Piketty-, on en retiendra deux choses :
- D’abord que le Régime Général, régime « de base », qui n’assure donc que jusqu’au salaire plafond et ne fait pas cotiser au-delà, reçoit néanmoins une cotisation « déplafonnée », qui est perçue même jusqu’au-delà de cette limite. Elle est de 0,4 % + 1,9% = 2,3% du salaire brut total, quel que soit le montant de celui-ci. C’est assez dire que, au-delà du plafond, cette cotisation, qui n’est donc corrélative d’aucune acquisition de droit à retraite, est de pure solidarité. Elle permet ainsi d’assurer le financement de la partie du minimum vieillesse dite (à tort, techniquement) « minimum contributif », qui est financée par la CNAV.
- Ensuite, que si les retraites versées par le RG sont limitées par le salaire plafond, il en va de même pour les caisses complémentaires, mais selon des modalités spécifiques. D’abord, parce que l’ARRCO gérait un espace complémentaire lui-même borné au plafond et que l’AGIRC de son côté se limitait à huit fois le plafond et faisait donc cotiser jusqu’à ce montant. Bref, au-delà de 8 fois le plafond (soit, en arrondi, 330.000 € annuels, valeur 2020), pas de cotisation aux complémentaires et donc pas de droit à retraite, ni de base ni complémentaire, sur cette fraction de salaire.
2. D’aujourd’hui à demain : les effets de la réforme Macron.
La réforme Macron va venir profondément modifier le dispositif institutionnel des retraites. Un seul régime, supposé universel, et par points et donc « à cotisations définies » -on sait ce qu’on paie, mais on ne sait pas ce qu’on va toucher comme retraite-, va venir remplacer ce qui a été édifié jusqu’à présent. Tout cela on le sait et a été abondamment et à juste titre critiqué. On n’en parlera pas ici.
Ce qui, par contre, n’a pas été véritablement relevé et qui est pourtant central, c’est que cette réforme s’accompagne d’un rétrécissement radical et financièrement considérable du champ de l’assurance vieillesse.
Sur ce point, le rapport Delevoye est parfaitement explicite et sans ambiguïté aucune et néanmoins sans aucune justification présentée : « Le système universel garantira pour tous les assurés un très haut niveau de protection sociale, avec l’acquisition de droits sur la totalité de leurs revenus d’activité (dans la limite de 120 000 € bruts annuels, soit 3 fois le plafond actuel du régime de base de la sécurité sociale) ».
Derrière cette apparemment innocente, voire alléchante, formule, se cache en fait une redoutable régression. En effet, là où le dispositif actuel du Régime général et des complémentaires qui lui sont associées fait, comme on vient de le voir, cotiser dans un champ qui s’étend jusqu’à huit fois le salaire plafond, le futur dispositif est, quant à lui, prévu pour ne faire cotiser que jusqu’à trois fois le plafond. En chiffres (très) arrondis, là où l’on doit aujourd'hui cotiser jusqu’à un salaire de 330.000€/an (soit de l’ordre de 27.000 €/mois), cette obligation devrait demain être limitée aux salaires inférieurs ou égaux à 120.000 €/an (10.000 €/mois) et seule la cotisation déplafonnée serait perçue au-delà de 3 P. Ainsi, puisque le nouveau dispositif n’assure plus ces niveaux de salaire, les cotisations jusqu’à présent perçues par les complémentaires entre 3 fois et 8 fois le salaire plafond disparaissent purement et simplement du paysage. De là l’étonnement de Piketty dans son entretien à Libé : « le gouvernement propose un taux global de cotisation de 28 % jusqu’à 120 000 euros de salaire annuel, mais ensuite ça plonge d’un seul coup à 2,8 % ! Par rapport au système actuel, c’est une énorme baisse de cotisation pour les salaires entre 120 000 et 250 000 euros [Erreur de Piketty, il faut en fait lire 330.000 €] ». Ce n’est pas faux.
Sauf que le sujet n’est pas tant que les cotisations « plongent », comme il le dit, car elles le font d'ores et déjà, que le fait que cette disparition soit l’effet d’une constriction drastique et subreptice du champ jusqu’à présent couvert par l’assurance-vieillesse. Aujourd'hui, elles plongent au-delà de 8 fois le plafond; demain, ce sera à partir de 3 P seulement ! Les riches seront donc exemptés de la solidarité intergénérationnelle.
Comment ces actifs, salariés ou indépendants très favorisés mais hors champ de l’assurance-vieillesse, vont-ils demain pouvoir financer une retraite ? Sans malice excessive, le rapport Delevoye vend la mèche : « Les employeurs et les salariés, qui le souhaiteront, pourront compléter le niveau de retraite par la mise en place de dispositifs collectifs d’épargne retraite. Il en sera de même pour les indépendants ».
Comme l’a fort bien documenté un récent article de Martine Orange qui dévoile les coulisses de l’opération en cours, c’est un formidable espace qui va ainsi désormais s’ouvrir à « l’épargne retraite », nom euphémisé de la retraite par capitalisation. La retraite va ainsi s'engager résolument dans le monde de la financiarisation néo-libérale....
L’exclusion subreptice des salariés fortunés de l’assurance-vieillesse dont la réforme Macron se veut être l’occasion est ainsi le meilleur cheval de Troie pour la destruction programmée de la retraite par répartition… Une régression sociale majeure, une de plus !
* Thomas Piketty sur les retraites : c’est le nouveau «super Macron des riches», Libération, 11 septembre 2019.
source blog de jacques Rigaudiat
Violence, perfidie, machiavélisme et spoliation : les 4 mamelles d’un régime virant du bleu au brun
- Écrit par Jean-Luc Picard-Bachelerie
Cette réforme des retraites et la réaction des syndicats et de la rue dénoncent, une fois de plus, la violence politique de ce gouvernement Macron / Philippe toujours en recherche de division du pays pour exacerber nos penchants mauvais, telle la convoitise, et détourner ainsi notre regard sur les agissements de nos dirigeants qui se congratulent dans le grotesque lorsqu’il s’agit de sauver la face d’un escroc dissimulateur.
Á cette violence vient s’ajouter la perfidie et le machiavélisme par des annonces destinées à semer le trouble et faire passer un pseudo projet de société qui trouve son origine dans un calcul néolibéral afin de nous conduire vers le système des retraites privées et la capitalisation, chers à nos banquiers et nos assureurs, chère à Macron et Delevoye grands initiés de ces métiers de la finance.
Cette réforme est révélatrice de la rouerie de ce président élu avec, seulement, 13% des voix du corps électoral et contient tous les stratagèmes et les objectifs d’une idéologie néolibérale qui détruit un monde médiocre et mortifère pour le remplacer par un monde sans pitié et suicidaire ou règne froidement le chiffre comptable.
L’âge pivot : un point de diversion
L’âge pivot n’est pas une idée de Delevoye mais juste une idée de Macron qu’il a lancée à l’occasion d’une interview face à Ruth Elkrief le 22/11/2019 à la grande surprise de ses ministres et du groupe LREM. Cette idée n’a qu’une utilité digne de Machiavel : celle d’être annoncée pour être retirée et ainsi servir de monnaie d’échange pour faire passer son plan de régression de nos droits et du montant de nos retraites par différents arguments fallacieux : la fin du pseudo déficit des retraites ; la retraite à la baisse, déguisée en retraite à points ; la pseudo fin des régimes spéciaux ; l’objectif caché de nous amener à la capitalisation ; la spoliation des fonds de réserve des caisses complémentaires.
Un pseudo déficit organisé par l’Etat
Pourquoi dire qu'en 2025 il y a un problème de financement alors même qu'en 2024 la CADES aura épongé entièrement la dette de la sécurité sociale et que les recettes de la CADES pourraient être affectées au financement des retraites à partir de 2025 ? Avez-vous l'intention de supprimer la CRDS et la CSG en 2025 ? Si elles ne sont pas supprimées à quoi serviront les recettes qu’elles génèrent ?
La Cour des comptes a rappelé que les exonérations de cotisations patronales accordées par Macron sont estimées à 52 milliards d’euros non compensés par l’Etat (Cour des comptes, Rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale, octobre 2019 [https://www.ccomptes.fr/fr/publications/securite-sociale-2019].) Le déficit du régime de retraite est de 3,5 milliards par an (Conseil d’orientation des retraites, « Perspectives des retraites en France à l’horizon 2030 », Rapport du COR, novembre 2019 https://www.cor-retraites.fr/node/519). Pourquoi l'Etat organise-t-il le déficit des retraites en exonérant sans compenser ? Pourquoi avez-vous dit lors des présidentielles « Le problème des retraites n’est plus un problème financier » et que votre projet de réforme organise la baisse généralisée des pensions ?
Des fonds de réserve à spolier
Et de l’argent, il y en a. A quoi vont servir les 34 milliards d'euros du fonds de réserve créé par Jospin par anticipation de l'arrivée des baby boomers ?
Régime universel veut dire plus de caisses complémentaires ? Que deviendront les 116 milliards des fonds de réserve de ces caisses qui représentent le magot amassé par les salariés et non par l'Etat ? Avez-vous l’intention de spolier les salariés qui ont cotisé pour remettre ce magot dans le pot commun comme vous le faites avec le loto du patrimoine ?
Des douceurs pour faire mieux taper après
Au-delà de ces questions, ce pseudo déficit est le premier argument invoqué pour justifier cette réforme alors même que les rares éléments positifs de ce plan pourraient tout aussi bien être adaptés au système actuel comme la retraite minimum à 1000 euros (là où elle devrait équivaloir au Smic actuel) et les dispositions pour les femmes. Alors pourquoi le reste de ce plan ?
Un système de dévalorisation du point
Le système des points. Fillon a dit « Le système de retraite par points, j’y suis favorable, mais il ne faut pas faire croire aux Français que ça va permettre de régler le problème des retraites. Le système par points en réalité ça permet une chose, qu’aucun homme politique n’avoue. Cela permet de diminuer chaque année la valeur des points et donc de diminuer le niveau des pensions ». La Suède qui l’applique depuis 1998 a déjà baissé la valeur du point par trois fois réduisant des millions de gens à des retraites misérables. Alors, pourquoi choisir un système qui comporte le risque de réduire des millions de retraités à la misère qui n'auront pas pu capitaliser dans des placements à risque ?
Edouard Philippe a annoncé une règle d'or sur les points acquis.
Qu'en est-il des points non acquis ?
Votre projet consiste à organiser une baisse généralisée des pensions de retraite. Vous savez que cela va obliger les gens à capitaliser et ainsi mettre leur argent dans un secteur à risque : les banques et les assurances ? Pourquoi les deux personnes à l’origine de ce pseudo projet de société sont pour l’un, banquier, et pour l’autre, assureur ?
Une suppression du régime de retraites de la sécurité sociale à l’horizon
La baisse renouvelée de la valeur du point non acquis rendant insignifiante la retraite de la sécu, l'Etat ne va-t-il pas supprimer ce service sous prétexte qu'il ne sert plus à grand-chose et le livrer entièrement au marché concurrentiel des assurances et des banques ? Cela permettrait à l'Etat de se débarrasser du même coup des syndicats. Pouvez-vous garantir la pérennité d'une retraite de la sécurité sociale qui ne soit pas uniquement pour les pauvres ?
Des questions auxquelles nous sommes en droit d’exiger des réponses
Pourquoi cette réforme des retraites présentée comme un projet de société n'a pas associé la gestion de ce temps libre à celui des victimes du chômage et de bâtir ainsi une vraie gestion du temps libre ? Pourquoi vouloir augmenter le temps de travail de ceux qui travaillent et ne pas le partager, ne serait-ce que pour créer des actifs cotisants ? Pourquoi l'Etat ne crée pas d'emploi dans les secteurs où l'humain ne peut être remplacé par une machine, ne serait-ce que pour augmenter le nombre d'actifs cotisants ? Pourquoi laisser les personnels de santé dans la souffrance ? Pourquoi laisser sombrer les personnels de l’Education Nationale et le classement Pisa ? Pourquoi la justice croule-t-elle sous les dossiers par manque de personnel tout en laissant les victimes et les innocents souffrir des lenteurs chroniques du système judiciaire ? Pourquoi préférer laisser des gens dans les zones perdues de la République au milieu d’une délinquance générée par le manque d’emplois avec tous les désordres sociaux, sanitaires et judiciaires que cela entraine ? Pourquoi laisser les gens avec des salaires de misère qui ne leur permettent pas de boucler leurs fins de mois alors même qu’une augmentation relancerait la consommation et augmenterait les recettes de cotisation ?
Pourquoi êtes-vous si incapable de susciter la paix sociale ? Pourquoi avoir favorisé un Etat répressif plutôt qu’un Etat démocratique avec des lois liberticides, des éborgnés, des manchots ? Pourquoi avoir entraîné la France à subir le discrédit de l’ONU qui a dénoncé « l’usage excessif de la force » ?
Une a-moralisation de la vie politique toujours chronique
Pourquoi cumulez-vous des ministres et des partenaires suscitant autant de scandales alors que vous avez été élu sur la promesse de moralisation de la vie politique ? Comment nous faire croire que vous ne saviez pas qui était Jean-Paul Delevoye et lui avoir offert une sortie aussi élogieuse par la voix d’Agnès Buzyn ?
Un manque d’anticipation de l’avenir des retraites
Et enfin, parlons de l’avenir. Le nombre de retraités augmente tandis que le nombre d’actifs cotisants baisse. Certains parlent carrément d'une inversion du rapport entre 2030 et 2040. Comment le régime universel pourra-t-il assurer le niveau des retraites ? Le dernier salarié devra-t-il payer la retraite de tous les autres ? Est-il raisonnable de continuer à faire porter le financement des retraites uniquement par le travail humain ?
Que dire de ce régime indigne en voyant son projet de budget 2020 ?
Et que dire de ce budget 2020 basé une fois de plus sur une croissance sinon qu’il est en totale inadéquation avec la transition écologique ? Que dire d’une nouvelle baisse de l’impôt démagogique sinon qu’elle va, encore, plus mettre à mal les services publics ? Baisse d’impôt qui, de toute façon sera compensée en partie par recours à l’emprunt ; dette avec laquelle vous culpabilisez le peuple pour justifier votre politique d’austérité !
Que dire du projet de loi de Finances 2020 qui fait la part belle aux Armées et surtout à l'Intérieur, tandis que Bercy, l'Education et la Transition écologique perdent des postes ? En dire qu’il est digne d’un régime d’extrême droite !
Enfin, nous qui connaissons la réponse, dîtes-nous Monsieur le Président, pourquoi avez-vous si peur d’un soulèvement ?
Source blog sur agoravox
La réforme à quel prix ?
- Écrit par France Culture
Nous en discutons en compagnie de l’économiste Daniel Cohen. Il dirige le département d’économie de l’École normale supérieur (ENS), il est directeur du Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP), et l’auteur notamment de l’ouvrage «Il faut dire que les temps ont changé : chronique fiévreuse d’une mutation qui inquiète» (Albin Michel).
"Cette réforme est un immense gâchis. Une réforme était souhaitable parce qu’un grand nombre de Français ne se sentent pas rassurés par le système actuel. […] Au lieu de corriger le système pour le rendre plus rassurant, le gouvernement a réussi le tour de force de le rendre plus anxiogène." Daniel Cohen
Le rapport du COR (Conseil d'Orientation des Retraites) montre que dans la trajectoire actuelle les dépenses de retraites sont budgétairement soutenables : "À horizon de 2070, dans 3 scénarios sur 4, la part des retraites dans le PIB baisse. […] On peut davantage revaloriser les retraites que ce qui a été fait jusqu’à présent." Daniel Cohen
On est en train de construire un mécanisme qui vise à faire des économies. Daniel Cohen
"La politique nous révèle son pire visage en faisant des calculs en alliances plutôt que de viser le bien public. Ça peut se payer cher dans les urnes, mais j'espère que le gouvernement retrouvera la voix de la raison." Daniel Cohen
L'Invité(e) des Matins par Guillaume Erner
« Lettre ouverte à Emmanuel Macron »
- Écrit par Geneviève Legay
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Au détricoteur des services publics qui lui demandait d’être « sage », Geneviève Legay, talentueuse tricoteuse, lui retourne le compliment par une lettre ouverte accompagnée d’un petit gilet jaune et du drapeau « PAIX ». |
La Trinité (06), le 27 juin 2019
Monsieur le Président de la République,
Je souhaite revenir sur vos déclarations du 23 mars 2019, lors de votre passage à Nice, concernant le fait que je serais tombée toute seule ! Vous avez osé affirmer qu’aucun policier ne m’avait touchée ! Espérons que la justice sera plus honnête, au regard de ce qu’ont avoué le procureur de Nice et un policier. Aussi, nous prouverons que ce n’est pas un accident, mais bien des policiers qui m’ont agressée.
De plus, vous avez dit que j’aurais dû rester chez moi. Madame Redouane Zineb était chez elle et, malgré tout, vos policiers l’ont tuée. Qu’avez-vous fait ? Le silence total et plus personne n’en parle. Quel mépris ! Pourtant, cette personne ne manifestait pas.
Nous sommes en France, et, depuis quelque temps, en insécurité permanente. Il ne fait pas bon vivre en macronie parce que, évidemment, vos forces de l’ordre, voire du « désordre » répondent à la politique de Monsieur Castaner et vous-même.
Vos discours sont trop souvent méprisants. Vous n’êtes que mépris. C’est une habitude chez vous de tenir des propos condescendants envers les gens d’en bas, « ceux qui ne sont rien ». Nombre de personnes le constatent depuis plus deux ans.
J’ai 73 ans et suis fière d’être une citoyenne à part entière. Aussi, ne vous en déplaise, je revendique ma liberté de manifester, entre autres, face à vos choix politiques.
Pour vous, qu’est-ce que la sagesse dont je devrais faire preuve ?
C’est accepter la politique que vous imposez comme si aucune alternative n’était possible ?
C’est se laisser dépouiller sans rien dire alors que vous prenez aux pauvres pour donner aux riches ?
Non, je ne vous écouterai pas, bien au contraire, je continuerai à manifester car tout ce que le peuple a obtenu, c’est par de hautes luttes. Le code du travail compilait 150 ans de conquêtes sociales, vous le détricotez ; la sécurité sociale, véritable bijou que le monde entier nous envie, vous l’offrez aux appétits des assurances ; vous organisez la contre-réforme des retraites, vous cassez l’assurance chômage, vous bradez notre patrimoine, vous détruisez les services publics, toujours pour privilégier le privé, notamment en cassant les hôpitaux de l’intérieur...
Votre politique est une véritable honte au regard de celle qui fait cohérence et qui fait peuple.
Vous détricotez, moi je tricote et vous fais parvenir un gilet jaune et un drapeau de la PAIX (faits avec des restes de pelotes).
Voyez-vous, ce sont des symboles face à votre mise en oeuvre de démolition, ainsi que celle de votre entourage, de ce qui faisait société, qui permettait de vivre (certes pas très bien depuis 35 ans) et non de survivre. Avec mes camarades d’Attac, des Gilets jaunes, des syndicats et partis politiques progressistes, nous serons toujours et encore face à vous et vos complices contre cette politique infâme...
Pour tout cela, la citoyenne que je suis ne peut pas vous saluer.
Geneviève Legay
« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons, durant la nôtre, la colorier avec des couleurs d’amour et d’espoir. » - Marc CHAGALL