Taxer les superprofits, c’est possible !
- Écrit par Alliance écologique et sociale
Créé juste avant le début de la pandémie de Covid-19 en France, PJC – Alliance écologique et sociale est un collectif inédit rassemblant syndicats et associations. Nos organisations ont porté haut et fort des revendications d’urgence et de long terme pour sortir des crises sanitaires, sociales et écologiques.
Aujourd’hui, face aux crises entraînées par la guerre en Ukraine, la spéculation et le changement climatique qui ont des impacts directs et lourds sur le quotidien de nombreuses personnes vivant en France, l’Alliance écologique et sociale réclame une taxe ambitieuse sur les superprofits des grandes entreprises.
Par superprofits, on entend une hausse importante des bénéfices des grandes entreprises liée à la crise sanitaire et la guerre en Ukraine plutôt qu’à un choix stratégique ou une quelconque innovation.
Ainsi, au 2e trimestre 2022, les entreprises françaises ont versé 44,3 milliards d’euros à leurs actionnaires, soit une hausse de 32,7 % par rapport à 2021, un nouveau record qui place la France en tête des pays européens où les actionnaires perçoivent le plus de dividendes.
En même temps, des millions de personnes se sont appauvries et les effets du changement climatique sont de plus en plus criants.
La France est de plus en plus isolée en Europe sur cette question. L’Espagne, les Pays-Bas ou l’Allemagne ont déjà mis en place une taxation des superprofits. La commission européenne et le Secrétaire général de l’ONU soutiennent aussi cette mesure.
Au moment où l’ensemble du corps social et du tissu économique se voit imposer une sobriété incontournable, la participation des grandes entreprises et de leurs actionnaires à l’effort collectif apparaît aujourd’hui, plus que jamais, non négociable.
Les recettes d’une telle taxe sont estimées à 10 à 20 milliards d’euros. Avec cet argent, l’État pourrait financer des projets pour soulager les dépenses des ménages où l’inquiétude d’un hiver difficile gagne. Par exemple, 10 milliards € suffiraient à rénover intégralement un million de logements « passoires thermiques », sans augmentation de loyer.
Avec ces recettes, l’État pourrait aussi financer trois ans de repas de restauration scolaire et universitaire pour les étudiant·es et familles. Ceci représente une opportunité de financer et valoriser les circuits courts et un approvisionnement local de qualité.
Paradis Fiscaux, le scandale du siècle
- Écrit par QG Quartier Libre
Une Interview de QG Quartier Libre le 23/11/2022
– Pour comprendre ce phénomène en pleine explosion, Renaud Van Ruymbeke, auteur de « Offshore », aux éditions LLL, décrypte les circuits de la fraude et de l’argent sale. |
Comment l’impulsion de la justice et les consortiums internationaux de médias peuvent-ils endiguer ces abus? |
Inflation et hausse des taux de la BCE : il faut sortir de la tenaille néolibérale !
- Écrit par Attac France
Jeudi 8 septembre, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, par la voix de sa présidente Christine Lagarde, un relèvement de ses taux directeurs de 0,75 point, une ampleur inédite.
D’autres hausses sont d’ores et déjà annoncées au nom de la lutte contre l’inflation.
Une autre politique est pourtant nécessaire pour faire face à la crise.
Pour Dominique Plihon, animateur de l’espace banques-finance d’Attac, « Ce resserrement brutal de la politique monétaire risque de provoquer dégâts sociaux et récession. Cette orientation revient à faire payer la population le prix de l’inflation. C’est une double peine car les catégories populaires subissent déjà les conséquences des hausses de prix alors que les revenus ne suivent pas. Le ralentissement économique et le renchérissement du crédit vont s’y ajouter. »
Le relèvement des taux de la BCE n’aura pourtant pas ou peu d’effets sur les causes profondes de l’inflation. Celles-ci sont connues : hausse des prix de l’énergie, goulets d’étranglement dans l’acheminement des marchandises, désorganisation des chaînes logistiques mondiales, pénuries dans certains marchés de matières premières. Autant de déséquilibres accrus par la crise du Covid et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. A cela s’ajoute l’opportunisme des multinationales qui augmentent leurs prix pour gonfler leurs profits.
Même du point de vue des classes dirigeantes, l’option du resserrement monétaire est risquée. Outre un ralentissement économique, il pourrait déclencher des tensions sur les marchés financiers dopés par les taux bas au point d’en être devenus dépendants. Dans la zone euro, le retour des tensions sur le marché des dettes souveraines pourrait faire son retour. Les contradictions qui déchirent l’ordre néolibérale semblent apparaître au grand jour.
Pour Julien Rivoire, porte-parole d’Attac, « On assiste au grand retour d’une orthodoxie alliant rigueur salariale, monétaire et budgétaire. D’autres politiques sont pourtant nécessaires pour faire face à la crise.
A commencer par remettre en place une politique fiscale digne de ce nom à commencer par une taxation des superprofits. La fiscalité et la politique monétaire doivent permettre de financer les urgences sociales et écologiques. Dans le court et moyen termes, les revenus des catégories moyennes et populaires doivent être augmentés pour faire face à l’inflation. Il est urgent de sortir de la tenaille néolibérale ! »
IMPÔTS EN FRANCE : MENSONGES MÉDIATIQUES ET INJUSTICES FISCALES
- Écrit par Le Média / Attac
Les libéraux et leurs diatribes anti-impôts ont pignon sur rue dans le paysage médiatique français. Les contre-vérités se répètent en boucle sur les plateaux télé
C’est pourquoi l’association ATTAC a décidé de remettre les pendules à l’heure à travers cet ouvrage « Impôts : idées fausses et vraies injustices », paru aux éditions Les Liens qui Libèrent
Que crève le Capitalisme
- Écrit par La Mule du pape
Hervé Kempf - "Que crève le capitalisme !" et pour de bon...
Un peu plus de dix ans après la crise des subprimes et la parution de Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, l’urgence climatique monte d’un cran.
Le ton d’Hervé Kempf aussi. Le rédacteur en chef et fondateur du site Reporterre, le quotidien de l’écologie, sort cette année Que crève le capitalisme, toujours aux éditions du Seuil.
Il est venu le présenter ce mercredi 14 octobre à la Carmagnole, devant une cinquantaine de personnes.
SAUVETAGES BANCAIRES PAR TEMPS DE PANDÉMIE
- Écrit par Marc Web
Ce travail a été réalisé dans le cadre de la création (en cours) d'une bande dessinée, Chroniques d'une ex-banquière, par Aline Fares et Jeremy Van Houtte. Cette BD sera tirée de la conférence gesticulée du même nom réalisée par Aline Fares.
HSBC Les gangsters de la finance
- Écrit par Jérôme Fritel et Marc Roche
Documentaire Arte (2016) toujours d'actualité
Jérôme Fritel et Marc Roche plongent dans les arcanes d’un empire tentaculaire qui se cache derrière sa vitrine de banque de détail britannique. De Hongkong aux États-Unis en passant par l’Europe, cette édifiante enquête révèle non seulement l’ampleur ahurissante des malversations commises par HSBC, mais éclaire aussi – avec une remarquable limpidité – les menaces qui se profilent sur la stabilité financière mondiale, douze ans après la crise des subprimes.
Ces financiers qui dirigent le monde - BlackRock
- Écrit par ARTE
En dehors de Wall Street, qui connaît BlackRock, le plus puissant gestionnaire d’actifs de la planète ?
Enquête sur un acteur discret mais influent de la vie économique et politique mondiale.
Documentaire complet de Tom Ockers (Allemagne, 2019, 1h30mn)
SUNFED versus Banque mondiale
- Écrit par Eric Toussaint
En 2020, la Banque mondiale (BM) et le FMI atteignent l’âge de 76 ans. Ces deux institutions financières internationales (IFI), créées en 1944, sont dominées par les États-Unis et quelques grandes puissances alliées qui agissent pour généraliser des politiques contraires aux intérêts des peuples.
La BM et le FMI ont systématiquement prêté à des États afin d’influencer leur politique. L’endettement extérieur a été et est encore utilisé comme un instrument de subordination des débiteurs. Depuis leur création, le FMI et la BM ont violé les pactes internationaux sur les droits humains et n’hésitent pas à soutenir des dictatures.
Une nouvelle forme de décolonisation s’impose pour sortir de l’impasse dans laquelle les IFI et leurs principaux actionnaires ont enfermé le monde en général. De nouvelles institutions internationales doivent être construites. Nous publions une série d’articles d’Éric Toussaint qui retrace l’évolution de la BM et du FMI depuis leur création en 1944. Ces articles sont tirés du livre Banque mondiale : le coup d’État permanent, publié en 2006, aujourd’hui épuisé.
Dès le début des activités de la Banque mondiale, les gouvernements des pays en développement, à commencer par ceux d’Amérique latine suivis ensuite par l’Inde, critiquent le fait qu’il n’existe pas pour eux de facilités équivalentes au plan Marshall, lequel est limité à l’Europe. En effet, les prêts de la Banque sont accordés au taux d’intérêt du marché tandis que l’aide du plan Marshall est principalement attribuée sous forme de don. Une partie mineure de l’aide du Plan Marshall consiste en prêts sans intérêt ou à des taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché.
Dès 1949, un économiste indien propose la création d’une nouvelle organisation internationale dans le cadre de l’ONU. Il envisage de l’appeler « Administration des Nations unies pour le développement économique ». Quelques années plus tard, l’idée émerge à nouveau au sein d’ECOSOC : le SUNFED (Special United Nations Fund for Economic Development) est alors mis en place. De 1950 à 1960, plusieurs pays du Tiers Monde ainsi que l’URSS et la Yougoslavie mènent systématiquement campagne au sein de l’ONU afin de donner corps au SUNFED, puis de le renforcer. Le gouvernement des États-Unis et ceux des autres grandes puissances industrielles, eux, ne veulent pas entendre parler d’un fonds spécial contrôlé par l’ONU et séparé de la Banque mondiale.
Parmi les raisons qui poussent les PED à exiger la mise en place d’une agence spécialisée de l’ONU pour financer leur développement, figure la question du droit de vote en son sein. Ils veulent une agence de l’ONU de manière à garantir l’application de la règle « un pays, une voix » par opposition à la règle de type censitaire appliquée à la Banque. C’est pour la même raison, mais en sens inverse, que les États-Unis et les autres puissances s’opposent frontalement à la proposition : les quelques pays riches veulent éviter d’être mis en minorité.
Selon les historiens officiels de la Banque, Mason et Asher, et plus tard Catherine Gwin, les États-Unis lancent en 1954 une première contre-proposition qui est mise en pratique dès 1956 par la Banque avec la création de la Société financière internationale (SFI), destinée à accorder des prêts aux entreprises privées des PED [1]. La création de la SFI ne règle pas le contentieux et la campagne des PED en faveur du SUNFED redouble : en 1958, ce Fonds spécial des Nations unies est habilité à financer les pré-investissements dans les PED.
Malheureusement, le camp des pays du Tiers Monde se divise rapidement. L’Inde, qui au départ soutenait le SUNFED, change de camp et devient favorable à la deuxième contre-proposition des États-Unis. Celle-ci consiste en la création d’une Association internationale de développement (AID) liée à la Banque mondiale, comme alternative au SUNFED [2]. Le lobby indien pro-Washington est persuadé que l’Inde sera avantagée par l’AID car les grandes puissances qui dominent les institutions de Bretton Woods comprendront la nécessité de privilégier l’Inde en raison de la place stratégique qu’elle occupe. Et l’Inde voit juste : dès la première année de l’existence de l’AID, elle reçoit 50 % de ses prêts.
Le gouvernement des États-Unis, en proposant la fondation de l’AID, veut faire d’une pierre deux coups : d’une part, empêcher les Nations unies de poursuivre le renforcement du SUNFED et de répondre ainsi aux besoins des PED ; d’autre part, trouver un moyen d’utiliser les réserves en monnaies des PED que le Trésor états-unien avait accumulées depuis 1954 grâce à la vente de ses surplus agricoles dans le cadre de la loi 480 [3]. Plusieurs auteurs s’accordent à considérer que c’est le sénateur Mike Monroney de l’Oklahoma qui lança l’idée le premier : il soumet une résolution au Sénat qui propose l’établissement de l’AID en coopération avec la Banque et propose que les réserves en monnaies non convertibles soient versées à cette agence afin d’accorder des prêts à long terme et à bas taux d’intérêt, remboursables eux-mêmes en monnaie locale. Un des objectifs est de fournir des prêts à des pays pauvres afin que ceux-ci puissent acheter des surplus agricoles nord-américains [4]. Le président de la Banque Eugène Black déclarera plus tard : « En réalité, l’AID était une idée conçue pour contrer le désir d’un SUNFED » [5]. Il vaut la peine ici de citer Mason et Asher qui affirment : « En tant qu’organisation internationale affiliée à la Banque mondiale, l’AID est une fiction sophistiquée. Appelée « association » et dotée de statuts, de fonctionnaires, de membres de gouvernements à profusion et de tous les signes extérieurs des autres agences internationales, elle n’est, pour le moment, qu’un fonds administré par la Banque mondiale » [6].
Les États-Unis apportent au départ 42% des fonds de l’AID, ce qui leur assure là-aussi la prédominance.
Parallèlement à la création de l’AID, le CAD (Comité d’aide au Développement de l’OCDE) est mis en place à Paris. Il s’agit de la structure qui « coordonne » l’aide au développement bilatérale des États les plus industrialisés. Le SUNFED est alors définitivement enterré, les États-Unis ont imposé les institutions qu’ils sont assurés de contrôler.
Financement de l’ Association internationale de développement (AID)
L’AID n’emprunte pas sur les marchés financiers. L’argent qu’elle prête provient de dons fournis régulièrement par les pays membres (principalement les pays industriels les plus riches auxquels s’ajoute l’OPEP depuis les années 1970) et des remboursements qu’elle perçoit.
Tous les trois à quatre ans, les pays contributeurs reforment la cagnotte : c’est l’occasion de discussions de marchands de tapis. C’est surtout l’enjeu de gros débats au Congrès états-unien car c’est lui qui décide du montant accordé. Cela fait l’objet de nombreux marchandages entre le Congrès, le gouvernement de Washington et la présidence états-unienne de la Banque mondiale/AID. Pourtant, les montants en jeu sont très modestes. L’intérêt de l’affaire est de s’assurer que l’argent prêté par l’AID revienne aux donateurs sous forme d’achats (aide liée) [7].
le coup d’État permanent disponible gratuitement ici en pdf (301 pages 5MO)
Notes
[1] Mason Edward S. et Asher, Robert E. 1973. p.384-385 ; Gwin, Catherine. in Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. p.206 ; Van de Laar, Aart. 1980. p.57.
[2] Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. The World Bank, Its First Half Century, Volume 1, p. 1127
[3] Van de Laar, Aart. 1980. p.57 ; Gwin, Catherine , in Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. p.206 ; Mason Edward S. et Asher, Robert E. 1973. p.386-387.
[4] Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. The World Bank, Its First Half Century, Volume 1, p. 1128
[5] “IDA was really an idea to offset the urge for SUNFED”, Mason et Asher, p.386.
[6] Mason et Asher, p.380-381.
[7] Kapur, Devesh, Lewis, John P., Webb, Richard. 1997. The World Bank, Its First Half Century, Volume 1, p. 1149.