Des paysans indiens ouvrent une brèche dans l’impunité de la Banque mondiale
- Écrit par C A D T M Robin Delobel
La mobilisation d’agriculteurs et de pêcheurs du Gujarat (ouest de l’Inde) a entraîné un jugement important de la Cour suprême des États-Unis, le 27 février 2019. Les juges ont décidé que la Société financière internationale (SFI), organe du Groupe Banque mondiale, chargé du financement d’entreprises privées, ne pouvait se prévaloir de l’immunité des organisations internationales lorsqu’elles financent des activités commerciales.
Retour sur les faits. En 2008, la SFI a participé au financement d’une centrale à charbon à Munda à hauteur de 450 millions de $. Les conséquences néfastes sur les communautés locales sont multiples : dégradation de l’air et de l’écosystème marin, empoisonnement de l’eau, déplacement de populations, destruction du mode de vie. C’est pourquoi des agriculteurs et des pêcheurs, qui ont subi une perte de leurs moyens de subsistance et une dégradation de leur environnement, demandent à la justice des États-Unis – où se trouve le siège de la Banque mondiale – de condamner cette organisation à réparer leur préjudice social et environnemental.
Après un premier revers en 2016 d’un tribunal de Washington qui a rejeté leur plainte au motif que la Banque mondiale bénéficierait, en tant qu’organisation internationale, d’une immunité absolue, les communauté indiennes viennent de remporter une victoire historique devant la Cour suprême des États-Unis. Les juges de la Cour suprême viennent en effet de lever l’immunité de la banque pour des dommages qu’elle causerait dans le cadre de ses activités commerciales, comme sa participation à la construction de barrages, de centrales à charbon, son soutien à des projets d’exploitation minière ou de déforestation.
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Mondialisation
- Écrit par Géoconfluence
La mondialisation est l'ensemble des processus (socio-économiques, culturels, technologiques, etc.) facilitant la mise en relation des sociétés du monde entier.
Le terme « mondialisation » s'est imposé à partir des années 1980 même s'il a été employé en France pour la première fois dès 1904. Il se distingue de la « globalisation », anglicisme qui, en français, désigne plutôt la mondialisation financière.La mondialisation est un processus continu d'intensification et de fluidification des échanges, porté par l'essor des transports et des mobilités (populations, entreprises, etc.) et accéléré depuis les années 1970 par les systèmes contemporains de communication, de circulation de l'information. Elle tend à accentuer les phénomènes de diffusion et d'homogénéisation à travers l'espace mondial. Mais, paradoxalement, par la mise en concurrence des territoires et des sociétés qui lui sont associée, elle alimente aussi des comportements de contestation : particularismes, régionalismes, communautarismes sont ainsi revisités à la lueur de la mondialisation.
Pour Laurent Carroué, la mondialisation « n’est pas réductible à la seule échelle mondiale. Le couple mondial/local (ou glocal) est un leurre car chaque échelle spatiale joue son rôle (mondiale, continentale, nationale, régionale et locale). La mondialisation n‘est ni automatique, ni mécanique mais le fruit de rapports de forces et de jeux de puissances entre États. C'est une construction systémique, la fois géohistorique, géoéconomique, géopolitique, sociale et culturelle. Elle n’abolit ni l’histoire, ni le temps, ni la mémoire des faits d’un côté, ni l’espace, ni les distances, ni les territoires, ni les sociétés et cultures de l’autre. »
Christian Grataloup, s'inscrivant dans une tradition remontant au moins à Fernand Braudel, a bien montré l'inscription de la mondialisation dans le temps long, celui de la géohistoire, en discernant des grandes phases de la mondialisation. Le « bouclage du monde » par les explorateurs européens entre le XVe et le XVIIe siècle en est l'une des étapes importantes.
La mondialisation pose aujourd'hui des défis de développement à l'échelle mondiale. Cela suppose des capacités de gouvernance mondiale et d'actions internationales : coopération et arrangements (institutionnels ou plus informels), accommodement entre des intérêts différents, régulations. De leur côté, les partisans de l'altermondialisation souhaitent proposer des alternatives aux formes contemporaines de la mondialisation jugée trop uniquement fondée sur la libéralisation des marchés et responsable, par là même, de dégradations sociales et environnementales. En même temps, se multiplient les réactions identitaires contre ce qui est vécu comme une uniformisation et pour une reconstruction des barrières.
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Cynthia Ghorra-Gobin, « Mondialisation et globalisation », notion à la une de Géoconfluences, décembre 2017.