coûts de production de l'électricité
- Écrit par Marc Web
Une étude de Greenpeace sur les coûts des trois principaux moyens de production d’électricité bas carbone, le nucléaire, le solaire et l’éolien, révèle que l’électricité produite par les centrales photovoltaïques au sol et l’éolien onshore est moins chère à produire que le nucléaire existant.
Quant à l’EPR (la nouvelle génération de réacteurs français) c’est la filière énergétique la plus coûteuse.
c'est ce que révèle publié ce mercredi 24 novembre un rapport réalisé conjointement avec l’Institut Rousseau sur les coûts courants économiques (CCE) de ces trois sources d’énergies.
Pour réaliser son étude, Greenpeace et l’Institut Rousseau ont choisi de se focaliser sur sept technologies existantes de production d’électricité qui émettent peu de gaz à effet de serre au long de leur cycle de vie : le nucléaire existant et le nouveau nucléaire représenté par l’EPR de Flamanville (bien qu’il ne soit pas encore opérationnel et que des doutes subsistent sur sa véritable date de mise en service, prévue en 2023), le photovoltaïque au sol, sur grandes toitures et ombrières, et le solaire résidentiel, ainsi que l’éolien terrestre et l’éolien offshore posé.
Les centrales hydroélectriques n’ont pas été prises en considération vu leur trop faible potentiel de développement.
Dans son tableau comparatif des CCE, Greenpeace fait apparaître que deux sources d’énergie ont un coût de production inférieur à 60 €/MWh : le photovoltaïque au sol et l’éolien terrestre, avec un coût respectivement de 51 € et 58 €/MWh.
La bonne performance du photovoltaïque est directement liée à la taille des installations : plus la puissance de l’installation est élevée, plus les différents postes de coûts rapportés au kWc diminuent et donc plus le CCE est bas.
Il est logique, dès lors, qu’entre le photovoltaïque résidentiel, dont la puissance installée moyenne se situe entre 3 et 9 kWc, et les centrales solaires au sol, dont la puissance varie entre 2,5 et 10 MWc, le CCE baisse de 68%, passant de 161 €/MWh à 51 €/MWh.
Par ailleurs, les coûts de production du photovoltaïque ne sont pas prêts de s’arrêter de baisser : en 2015 déjà, le Fraunhoffer Institute annonçait un coût de production du MWh de 41 € à l’horizon 2025. L’IRENA, de son côté, prévoit qu’il baissera de 59% d’ici 2025, pour descendre à 24 €.
Avec 72 € le MWh produit, le coût courant économique du « vieux » nucléaire se trouve à un niveau comparable à celui du photovoltaïque sur grandes toitures ou ombrières, qui s’élève à 68 €/MWh.
Mais alors que le coût de production du photovoltaïque est appelé à baisser, celui du nucléaire existant est voué à augmenter : les frais d’approvisionnement en combustible, estimés à 11 €/MWh, pourraient bien évoluer à la hausse, et les frais de maintenance, estimés à 15% du CCE selon l’étude, risquent également d’augmenter avec le temps.
Guerre de l'Eau
- Écrit par Marc Web
« Accaparement de l’eau » pour les uns, « gestion intelligente de la ressource » pour les autres : un projet de construction de méga-bassines agricoles dans le Poitou-Charentes divise les esprits et va jusqu’à « préoccuper » la Commission européenne.
Certains évoquent une « guerre de l’eau » : dans le Marais poitevin – grande zone humide dans l’Ouest de la France – paysans, habitants, militants et eurodéputés verts affrontent, depuis des années, des coopératives agro-industrielles et le gouvernement français. Dernier acte : l’occupation, mi-septembre, d’un chantier de la Coop de l’eau 79 jugé « illégal » par des centaines de manifestants. Au cœur du contentieux : un projet visant à construire une série de méga-bassines de stockage d’eau à usage agricole.
Ces bassines, grandes de plusieurs hectares chacune, sont censées apporter une réponse au manque croissant d’eau en été dû au réchauffement climatique. L’idée : remplir les bassines pendant l’hiver à l’aide de la pluie et en pompant de l’eau dans les nappes phréatiques pour ensuite pouvoir irriguer les cultures autour pendant les mois estivaux trop secs.
La logique du projet est pour autant fortement contestée. « Ces réserves vont détruire des terres agricoles, assécher les bassins versants et diminuer les débits des cours d’eau […], détruisant la biodiversité et empêchant les autres paysans et habitants d’en bénéficier », fustige le syndicat agricole Confédération Paysanne dans un communiqué.
D’autant plus que ces réserves ne serviront qu’une « poignée d’agro-industriels » représentant 4 % des exploitations agricoles du territoire en question, selon le syndicat – et ce alors que le projet sera largement financé avec de l’argent public.
« Gestion intelligente » vs accroissement des inégalités
Une logique de financement tout à fait normale pour le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie qui, en intervention sur France Bleu Poitou le 23 septembre dernier, a défendu le projet des méga-bassines. « Il est impossible d’avoir une agriculture sans eau », affirmait-il. Pour que les agriculteurs puissent continuer à alimenter la France face aux effets du changement climatique, il serait donc « évidemment de notre responsabilité d’assurer la pérennité de notre agriculture » en soutenant des projets comme celui des méga-bassines.
Projets qui relèvent en outre d’une « gestion intelligente de la ressource en eau », menée avec « raison » et « dans la concertation » avec une « très grande majorité des parties représentatives », selon le ministre. L’eau récoltée ne serait pas non plus accaparée : les bassines seront remplies avec de l’eau de pluie grâce aux « pluies diluviennes » que l’on constaterait ces derniers hivers, et l’eau pompée représenterait uniquement le « surplus » présent dans les nappes phréatiques à cette période de l’année.
Ces arguments ne tiennent toutefois pas la route pour Benoît Biteau, eurodéputé vert et détracteur virulent du projet des méga-bassines. Celles-ci ne seraient pas remplies d’eau de pluie, mais bien par de l’eau pompée dans les nappes phréatiques. Le « peu d’eau de pluie » qui s’y verserait naturellement correspondrait uniquement « à celui soumis à l’évaporation directe liée au vent et au soleil balayant le plan d’eau », soutient-il dans un dossier publié début septembre. Or, le pompage d’eau appauvrirait la vie des milieux aquatiques, « écosystèmes patrimoniaux remarquables » et « réservoirs de biodiversité ».
Si M. Biteau confirme en outre que l’agriculture ne peut fonctionner sans eau, l’eurodéputé français rappelle que « 95 % des surfaces [agricoles] en France sont en cultures sèches », arrosées uniquement par la pluie. La « très faible minorité » d’agriculteurs ayant un droit d’irrigation utiliserait, elle, des « volumes colossaux d’eau ». L’organisation des droits à l’irrigation alimenterait ainsi des inégalités « très fortes » entre agriculteurs ainsi que des conflits d’usage entre l’irrigation, les ménages, l’industrie et les milieux aquatiques.
Un projet à l’encontre du droit européen ?
Qui plus est, le projet des méga-bassines violerait le droit européen : après plusieurs années de tractations (le projet de construction date en fait de 2011 – depuis, enquêtes, consultations, manifestations et recours ne cessent de se succéder, avec, comme dernier acte, l’occupation d’un chantier dans le Poitou-Charentes le 22 septembre dernier), le collectif « Bassines Non Merci » a saisi la commission des pétitions du Parlement européen (PETI) pour dénoncer la violation de pas moins de neuf directives européennes que constituerait, selon lui, le projet des méga-bassines.
Répondant à la pétition des détracteurs, la Commission européenne a récemment indiqué prendre « très au sérieux ce cas complexe qui rejoint sa préoccupation générale de la protection de la ressource en eau ». L’institution demande ainsi à la France d’améliorer le contrôle des eaux souterraines, de présenter « de manière transparente » le calcul des coûts financiers et environnementaux du projet et de lutter contre les pénuries d’eau et les « captages excessifs ».
La Commission rappelle également que la France avait déjà fait l’objet de différentes procédures d’infraction, au nom notamment des directives européennes Eau potable et Nitrates, et manqué à ses obligations dans le cadre des directives Habitats et Oiseaux.
« Avec cette procédure PETI, nous avons la confirmation que la France n’applique pas le droit européen relatif à la gestion de l’eau », affirme Benoît Biteau dans un communiqué du 20 septembre. Alors que la Commission promet de « poursuivre son action et continuera à prendre toutes les mesures appropriées dans le cadre des investigations et procédures d’infraction […] en cours à l’encontre de la France », l’eurodéputé appelle les autorités françaises à cesser leur « indifférence au droit européen ».
Interrogés sur la légalité du projet des méga-bassines par EURACTIV France, ni le ministère de l’Agriculture ni la Coop de l’eau 79 n’ont donné de réponse.
Pour une gestion durable et globale de la ressource en eau
Pour sa part, le groupe des Verts au Parlement européen promet de demander à la commission PETI de relancer les autorités françaises pour obtenir des réponses, selon Benoît Biteau. Qui rappelle que les écologistes ne seraient ni opposés à l’irrigation, ni au stockage d’eau – mais à une logique de « pression de groupes d’intérêt qui souhaitent préserver et étendre leur privilège d’accès à la ressource en eau au détriment de tous les autres usagers ».
A la place des bassines – qui ne devraient constituer que le « dernier maillon de la réponse politique » à la raréfaction de l’eau -, l’eurodéputé propose l’adoption d’une gestion durable en plusieurs étapes.
Il s’agirait, tout d’abord de restaurer les zones d’épandages de crues pour permettre à nouveau aux nappes phréatiques de se recharger complètement. Le député appelle ensuite de ses vœux la sanctuarisation et la restauration des zones humides, et enfin une évaluation des besoins agricoles en eau pour établir un « projet de territoire et financement public à 100 % des équipements de stockage, accessible à tous les agriculteurs ».
Or, à en juger des derniers affrontements, une telle approche semble encore loin de devenir réalité. En attendant, une fin de la « guerre de l’eau » n’est pas en vue.
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L'hydrogène trop gourmand en énergie pour être écologique
- Écrit par Marc Web source REPORTERRE
En décembre dernier, une nouvelle publicité est apparue dans nos journaux. Entreprise en pointe du stockage de carburant, Plastic Omnium y montrait un verre d’eau, avec ce message : « Voilà tout ce qu’on rejette en roulant à l’hydrogène. » Un carburant fantastique qui ne rejette que de l’eau, voici la promesse qui accompagne le lancement de plans hydrogène dans le monde entier.
Demain, selon ce discours, les camions, les avions et les trains rouleront à l’hydrogène, les usines tourneront à l’hydrogène, la pollution et les émissions de dioxyde de carbone (CO2) chuteront et la catastrophe climatique sera évitée.
En France, le gouvernement a promis de dépenser plus de sept milliards d’euros sur dix ans pour développer ce nouveau vecteur d’énergie. Et pour piloter cette grande transformation, il vient de créer un Conseil national de l’hydrogène, rassemblant une palette de patrons d’entreprises aujourd’hui peu connues pour leur engagement contre le réchauffement climatique : Total, Air Liquide, Engie, Airbus, KemOne, ArcelorMittal, Faurecia.
Revenons à notre verre d’eau. Il est question d’un véhicule dont le réservoir stocke de l’hydrogène gaz qui est soit utilisé comme carburant d’un moteur à combustion interne, soit pour alimenter une pile à combustible faisant fonctionner un moteur électrique.
Le pot d’échappement rejette de la vapeur d’eau et non des particules nocives et du CO2 issus de la combustion des dérivés pétroliers.
En revanche, que les véhicules soient thermiques ou électriques, à hydrogène ou pas, près de la moitié (environ 46%) des particules fines qu’ils émettent résulte de l’abrasion des freins, des pneus et des revêtements routiers, car aucun véhicule ne rejette « que de l’eau »
Mais la question essentielle est : d’où vient l’hydrogène qui fait rouler ce véhicule ?
L’hydrogène (H2) pur est très peu présent à l’état naturel. Cette rareté fait que la totalité de l’hydrogène utilisé est produite industriellement selon divers procédés. Aujourd’hui, plus de 95 % de l’hydrogène produit dans le monde est issu du méthane, du pétrole ou du charbon], par des procédés très polluants , notamment en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Le message de la publicité de Plastic Omnium est donc mensonger : même en oubliant les particules émises par le véhicule hors pot d’échappement, la production de l’hydrogène qui le fait rouler rejette beaucoup de CO2. Enfin, pour l’instant, espèrent les partisans de ce vecteur d’énergie, car tout l’enjeu des plans hydrogène est de « décarboner » cette production à l’horizon 2030 ou 2050.
Comment faire ? C’est là qu’intervient un autre procédé de production de l’hydrogène, connu depuis plus d’un siècle : l’électrolyse de l’eau, qui, grâce à un courant électrique, permet de décomposer l’eau (H2O) en oxygène (d’un point de vue chimique, du dioxygène, O2) et en hydrogène (d’un point de vue chimique, du dihydrogène H2).
Mais, si le principe est simple, il demande une production en série de gigantesques électrolyseurs, eux-mêmes grands consommateurs de métaux ou de produits toxiques
- des quantités d’électricité considérables pour l’électrolyse elle-même.
- L’hydrogène est dit « vert » quand cette électricité est issue de sources renouvelables, et « jaune » quand elle provient des réacteurs nucléaires, peu émetteurs de CO2 .
Il existe aussi un hydrogène « bleu » qui, lui, n’est pas produit par électrolyse, mais reformage de gaz fossile dont on tente ensuite de capturer les émissions de carbone. Pour achever de brouiller les pistes dans ce labyrinthe énergétique, il est aussi question d’hydrogène « propre », « zéro émission » ou « décarboné ». C’est clair comme un verre d’eau… polluée.
Dans le cadre de sa stratégie de l’hydrogène pour une Europe climatiquement neutre », présentée en juillet 2020, l’Union européenne a validé l’objectif des industriels du secteur, qui est de faire rouler d’ici 2030 cent mille camions à l’hydrogène décarboné. Car le système du véhicule électrique avec batteries ne convient pas aux mobilités lourdes, sauf à embarquer des batteries excessivement pesantes.
Le plan est donc de faire rouler à l’hydrogène les transports longue distance : frets routier, maritime, aérien.
Notons que cet objectif de cent mille camions est très modeste au regard des trois millions de camions qui parcourent l’Europe.
Pour alimenter cent mille camions de plus de seize tonnes parcourant une moyenne de 160.000 km/an, il faudrait 92,4 TWh/an (térawattheures par an), soit quinze réacteurs nucléaires ou 910 km² de panneaux solaires. Et si on cherchait à remplacer la totalité du parc de poids lourds en faisant rouler trois millions de camions à l’hydrogène, il faudrait alors l’équivalent de 156 réacteurs nucléaires ou 27.200 km² de panneaux solaires, c’est-à-dire plus de deux fois la taille de l’Île-de-France !
La France consomme aujourd’hui chaque année près de 900.000 tonnes d’hydrogène, en grande partie de l’hydrogène carboné, qui engendre de l’ordre de 9 millions de tonnes de CO2 par an. Le gaz est quasi exclusivement utilisé pour le raffinage des produits pétroliers, la production d’ammoniac (engrais azotés) ou encore celle du méthanol destiné à la production de plastiques. Il s’agit donc d’avoir recours à un hydrogène « décarboné » destiné à l’industrie lourde. Prenons, par exemple, l’usine d’engrais azotés Boréalis Grand-Quevilly, en banlieue de Rouen (Seine-Maritime), à deux pas de l’usine Lubrizol : elle produit 400.000 tonnes d’ammoniac (NH3) par an à partir d’hydrogène. Selon l’Atelier d’écologie politique, pour alimenter cette production en hydrogène produit par électrolyse à partir d’électricité renouvelable, il faudrait 33 km² de panneaux photovoltaïques, soit 4.622 terrains de football — pour une seule usine ! Comment trouver de telles surfaces sans engloutir des terres arables et des forêts ?
Justement, en Gironde, Engie et Neoen s’apprêtent à raser 1.000 hectares de pins maritimes pour implanter un complexe photovoltaïque et un site de production d’hydrogène. S’il voit le jour, ce complexe sera l’un des plus grands sites photovoltaïques d’Europe ; il représente pourtant moins d’un tiers de ce qu’il faudrait pour décarboner l’usine Boréalis Grand-Quevilly.
Thierry Lepercq, auteur de Hydrogène, le nouveau pétrole (Cherche Midi, 2019) et conseiller des grands groupes gaziers, envisage cette croissance fulgurante de la consommation d’électricité avec une certaine désinvolture : « Pour remplacer les combustibles fossiles en Europe, il nous faudrait 15.000 TWh/an [soit cinq fois la consommation actuelle de l’UE, autour de 3.331 TWh/an en 2017-2018]. On peut le faire, à condition que ce soit “bankable”. » En clair, à condition que les pouvoirs publics subventionnent l’hydrogène « vert », dont le coût de production est aujourd’hui trois fois supérieur à l’hydrogène « gris » ou « noir », celui issu du gaz, du pétrole ou du charbon. Philippe Boucly, président de France Hydrogène [9] et ex-directeur de GRT Gaz, admet lui aussi le problème auprès de Reporterre, sans pour autant l’endosser : « Les politiques n’ont pas conscience des quantités d’électricité à produire pour remplacer les énergies fossiles. Je vous l’accorde, c’est monstrueux. » France Hydrogène, l’association de promotion de l’hydrogène qui regroupe notamment Total, Areva, Air Liquide, Engie, Arkema et les leaders du stockage de carburant Faurecia et Plastic Omnium, est pourtant largement à l’origine du plan gouvernemental.
À l’image de l’ensemble des plans hydrogène actuellement déclinés sur la planète, dont l’impulsion découle du sommet Hydrogen Council, qui a réuni à Davos, en janvier 2017, treize PDG d’entreprises telles que Air Liquide, Alstom, Anglo American, BMW Group, Daimler, Engie, Honda, Hyundai, Kawasaki, Royal Dutch Shell, The Linde Group, Total et Toyota.
C’est probablement la raison pour laquelle, dans aucun des plans hydrogène actuellement lancés par les pouvoirs publics ne figure l’idée de réduire la production pétrochimique ou le volume des transports pour faire décroître les émissions de CO2. L’enjeu semble plutôt, comme l’écrit le FCH-JU, un partenariat public privé missionné par la Commission européenne pour son plan hydrogène, de « créer pour les compagnies pétrolières, gazières et pour les équipementiers un marché de 130 milliards d’euros à l’horizon 2030, et de 820 milliards à l’horizon 2050 ». Des préoccupations davantage économiques qu’écologiques.
La France devra augmenter sa production d’énergies renouvelables pour atteindre la neutralité carbone en 2050
- Écrit par Marc Web
Augmenter la production d'énergies renouvelables est un vrai défi pour la France, qui peine à développer leur production.
Le gestionnaire Réseau Transport Electricité (RTE) publie ce mois-ci l’étude « Futurs énergétiques 2050 » (voir pièce jointe) qui décrit six scénarios présentant différentes stratégies si la France veut atteindre la neutralité carbone en 2050. Accroître la part d’énergies renouvelables dans le futur mix énergétique apparaît comme indispensable.
Si chaque scénario est différent, ils ont tous un point commun : diminuer la consommation finale d’énergie et accroître la part d’électricité dans la consommation finale d’énergie, afin de remplacer petit à petit les énergies fossiles comme le charbon, le pétrole ou le gaz.
Augmenter la production d’énergies renouvelables est un vrai défi pour la France, qui peine à développer leur production. « Il faut raccorder les nouvelles installations de production et adapter le cœur du réseau. En utilisant des solutions flexibles en complément d’adaptations ciblées des lignes, on peut utiliser tout le potentiel des infrastructures existantes et accueillir jusqu’à 50 GW de solaire et d’éolien », détaille RTE.
Dans une étude publiée en janvier 2021 avec l’Agence internationale de l’énergie, RTE énonce les conditions d’un développement efficace des énergies renouvelables sur le territoire français : un « développement important des sources de flexibilité », un « pilotage de la demande », un « stockage à grande échelle », des « centrales de pointe utilisant des combustibles décarbonés », et des « réseaux de transport d’interconnexion transfrontalière » sont essentiels.
Pour la France, produire de l’énergie renouvelable est un parcours semé d’embûches. En 2020, la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique est de 19,1 %, alors que l’objectif imposé par l’objectif renouvelable de 2009 est de 23%.
50% de nucléaire, 50% d’énergies renouvelables
Un des scénarios de RTE prévoit un mix énergétique français à l’horizon 2050 composé à 50% de nucléaire et 50% d’énergies renouvelables. Pour que la France soit en capacité industrielle et technique de produire une telle part de nucléaire trois critères sont nécessaires : le fonctionnement étendu des réacteurs actuellement en service tant qu’ils respectent les normes de sécurité, un rythme de construction élevé pour les réacteurs de troisième génération ainsi que la possibilité de recourir à d’autres types de réacteurs nucléaires tels que les SMR (Small modular reactors).
Et ainsi seulement les professionnels du secteur pourraient tenir le rythme. « Cette trajectoire a fait l’objet d’ajustements suite à la consultation publique pour intégrer les contraintes industrielles remontées dans le cadre de la consultation, et elle est aujourd’hui jugée possible par les acteurs industriels de la filière », précise RTE.
Mais même en cas de relance du nucléaire, il parait clair que les énergies renouvelables occuperont une place bien plus importante qu’aujourd’hui dans le futur mix énergétique français : « Ceci sera vrai même en cas de relance du nucléaire, car les réacteurs actuels devront à terme être arrêtés pour des raisons d’âge et parce qu’il n’apparaît pas possible de les remplacer au rythme extrêmement élevé auquel ils ont été mis en service entre la fin des années 1970 et le début des années 1990 », analyse RTE.
Vers une sortie du nucléaire ?
Et si la France se passait totalement du nucléaire ? Pas simple lorsqu’on sait que la production d’électricité française d’origine nucléaire représente plus de 70% du mix énergétique national en 2019. Le rapport de la RTE esquisse les contours d’une sortie du nucléaire : cela commencerait par le fait que la France « ne déciderait pas de la construction de nouveaux réacteurs ».
Ensuite, il faudrait compter sur une croissance exponentielle des énergies renouvelables, en particulier les filières éolienne et solaire : « Dans le cas des centrales solaires, le déploiement devra atteindre jusqu’à 7 GW en moyenne d’ici à 2050, dans les scénarios les plus ambitieux, contre environ 1 GW/an historiquement », déclare le gestionnaire de transport d’électricité.
Avant de préciser : « Ces rythmes peuvent apparaitre élevés mais ils sont en phase avec les projections d’autres scénarios internationaux élaborés autour de l’objectif de neutralité carbone. »
En définitive, ces deux systèmes électriques décarbonés nécessitent des investissement massifs si la France veut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le nucléaire et les énergies renouvelables ne sont pas « des solutions mutuellement exclusives », conclut l’étude « Futurs énergétiques 2050 ».
Ce qui est sûr, c’est que la France va bientôt se retrouver confrontée à un défi de taille : dans le cadre du paquet « Fit for 55 », la présidente de la Commission Ursula von der Leyen devrait annoncer en juillet vouloir passer à 38 % minimum d’énergies renouvelables en Europe d’ici à 2030, demandant un effort collectif supplémentaire aux États membres.
Un casse-tête pour la France, qui, en 2020 déjà, avait échoué à atteindre 23 % d’énergies renouvelables.